Entretien avec Jean-Michel André

Lightpainting rendu 4

Quel est ton parcours ? Pourquoi as-tu été intéressé par le projet ? 

 Mon activité en tant qu’artiste photographe est composée de trois volets principaux. Le premier correspond à mon travail de création pour lequel je réalise des séries qui sont ensuite exposées et publiées. Le second volet de mon activité est lié à des commandes photographiques pour des institutions publiques et privées. Enfin, le troisième axe de mon activité est celui des résidences d’artiste et des ateliers que je mène en France et à l’étranger.  

Le thème retenu « L’imaginaire du souvenir » et le territoire où s’est développé le récit créatif du projet, résonnent avec ma démarche artistique et mes actions territoriales dans le domaine de la photographie.  

Ce projet m’a intéressé au plus haut point en raison de mon attachement au Bassin minier, au département du Pas-de-Calais et à ses habitants, mais aussi de par mon expérience sur ce territoire que j’arpente et photographie depuis maintenant dix ans dans le cadre de différents projets, personnels et institutionnels, en collaborant avec de nombreux partenaires (ALL, Mission Bassin Minier, Euralens, Pas-de-Calais Tourisme, Louvre-Lens, DREAL, Ministère de la Culture…).  

Ces collaborations m’ont permis de mesurer l’ampleur de la Valeur Universelle et Exceptionnelle du Bassin minier du Nord et du Pas-de-Calais mais aussi de son renouveau et du formidable élan d’activités culturelles et touristiques présentes dans la région, notamment sur le territoire de l’agglomération de Lens-Liévin.  

Les liens que j’ai tissés et l’expérience que j’ai vécue dans le cadre de plusieurs projets m’ont permis de saisir la dynamique de transformation et d’innovation qui traverse ce territoire ainsi que les nombreux enjeux liés à son patrimoine culturel immatériel.  

Les actions de médiation souhaitées pour le projet « Storytooling » font partie de mes activités et m’ont poussé aussi à candidater avec beaucoup d’enthousiasme. En effet, depuis plusieurs années, je mène des ateliers relevant de la transmission artistique et culturelle pour rendre accessible la photographie au plus large public. Ce volet pédagogique de mes activités est au cœur de mon travail d’auteur photographe et il est pour moi très important. Il me permet de promouvoir ma pratique, dans l’échange et le partage, en ouvrant des portes à la réflexion et à la création.  

Quels résultats attendez-vous du projet ?  

Les résultats seront multiples. Il y a bien sûr l’aspect humain au cœur de ce projet, mais il y a aussi la dimension créative qui s’inscrit dans un projet pensé et conçu avec et pour les jeunes participants.  

J’espère que ce projet ouvrira de nouvelles perspectives aux jeunes participants ainsi qu’à nos partenaires. Je suis convaincu de l’importance de ce type de projet et je suis sûr que nous obtiendrons des résultats concrets et intéressants basés sur l’expérience pratique, une approche multidisciplinaire et intersectorielle, un sens aigu de la solidarité et la promotion du patrimoine post-industriel. 

Comment s’est déroulée l’expérience du groupe ici en France ?  

L’expérience du groupe est très positive. Dès le début du projet, j’ai ressenti un vrai engagement et une participation active de la part des jeunes de la mission locale de Lens-Liévin qui se sont inscrits au projet européen Storytooling.  

Le groupe s’est un peu réduit au fur et à mesure des séances. Cela est principalement dû à la recherche d’emploi des participants qui les a écartés du projet. Cela dit, j’ai eu la chance d’avoir un groupe de 6 jeunes assidus du début jusqu’à la fin du projet. Les échanges ont été riches et bienveillants. Tout le monde a participé avec un intérêt certain et un vrai engagement pour mener à bien notre projet.  

Et qu’as-tu aimé le plus dans le projet ?  

Ce qui m’a le plus plu est la dimension collective et expérimentale de ce projet, le fait de faire ensemble avec plusieurs objectifs et un cadre précis tout en étant libres dans la conception du projet. Les valeurs de partage et de cohésion ont été au coeur de la création et de nos propositions.  

Selon toi, qu’est-ce que le projet et les activités que tu as menées ont apporté au territoire ?  

Les activités que j’ai menées ont essentiellement touché les jeunes participants en leur permettant de concevoir et de réaliser un projet tout en abordant la notion de patrimoine post-industriel et en acquérant une expertise dans la création photographique et la gestion de projet. Ce que nous avons apporté au territoire est la réalisation du premier marathon photographique à Lens. Cela nous a pris plusieurs mois de préparation et le résultat est très positif. Les participants ont pris du plaisir à photographier la ville de Lens et ont pu découvrir une partie de son patrimoine.  

Que penses-tu de la méthodologie proposée par le projet Storytooling pour l’appropriation du patrimoine par les jeunes ?  

Je ne changerai pas grand-chose. Il y a toujours une part d’expérimentation dans ce type de projet, on n’est donc jamais sûr du résultat final. Le plus important est la motivation du groupe et la co-création du projet. Le projet doit être le plus précis possible, tout en restant ouvert au changement. Si je devais changer quelque chose, ce serait peut-être d’avoir plus de séances d’ateliers, même si celles-ci étaient au cœur de notre projet. L’aspect ludique est également important. Je pense que nous avons été sur la bonne voie !  

Est-ce une expérience que tu souhaiterais réitérer ?  

Oui bien sûr, ce serait avec beaucoup d’enthousiasme que je réitérerais cette expérience !  

De ton point de vue de professionnel créatif, quelles améliorations conseillerais-tu ?  

Mes suggestions seraient plutôt d’ordre logistique en amont du projet afin de bien choisir les participants, la durée du projet et les espacements entre les séances.  

Pour moi, c’est le point le plus important pour que le projet ait du sens, afin de réponde aux attentes des participants et de l’ensemble des collaborateurs. La motivation et l’engagement sont essentiels !  

Pour ma part, j’ai eu de la chance. Je ne peux que saluer l’investissement, la créativité et le sens du partage de mon groupe. Je tiens aussi à souligner l’implication et l’accompagnement des partenaires.  

Il est bien sûr important de s’assurer que les artistes sélectionnés sont expérimentés, engagés et disponibles pour encadrer ce type de projet.  

Je recommande de veiller à ce que les projets ne soient pas trop ambitieux et puissent être réalisés dans les temps. Il ne s’agit pas de revoir ses ambitions à la baisse mais plutôt de mesurer tous les aléas pour mettre en évidence les objectifs attendus.