Découverte de la Via Verde à Castellón

Story Tooling-241

Le week-end des 8 et 9 juin a vu la phase de mise en œuvre du projet Storytooling en Espagne. Nous l’attendions avec impatience… et finalement, il a été trop court !

Pour nous remettre dans le contexte, nous devons souligner que nous avons commencé par un cycle d’ateliers au cours desquels les participants ont pu découvrir et travailler avec différentes techniques de design et d’art industriel. Pendant de nombreuses années, le design et l’art industriel ont été associés principalement à des traits masculins, c’est pourquoi notre intention dans la première phase était de rencontrer des femmes artistes espagnoles et locales à travers des ateliers artistiques tels que la peinture, la performance, le design graphique, la photographie et le design textile. Tout au long de nos réunions, les participants ont réfléchi à ces artistes et à la manière dont l’art peut avoir un impact et intervenir dans les territoires ruraux, dans notre cas, la voie verte Ojos Negros.


L’objectif de la randonnée à vélo était de permettre aux jeunes de découvrir et de célébrer l’histoire d’une région traversée par un patrimoine industriel, tout en l’explorant en travaillant avec différentes techniques créatives. En outre, l’objectif était que les jeunes réfléchissent, ensemble et individuellement, à « l’industriel » et à l’intervention humaine, en exprimant ces réflexions à travers un atelier de peinture et la réalisation d’une intervention communautaire.


La phase de mise en œuvre de notre proposition a consisté à parcourir à vélo plusieurs tronçons de la Vía Verde, une route réaménagée qui reliait autrefois la ville minière d’Ojos Negros à la ville portuaire de Puerto de Sagunto, et qui relie aujourd’hui de nombreux villages le long de son parcours, leur donnant la possibilité d’attirer le tourisme vert, d’apprendre l’histoire de la région et de profiter, comme nous l’avons fait, des activités organisées dans les différentes villes.

Outre cet exercice à vélo, nous avons travaillé, à titre d’exemple des interventions artistiques qui peuvent être développées dans les zones rurales, dans deux des villages proches de notre lieu d’hébergement, Jérica. Le premier atelier consistait en la réinterprétation d’éléments industriels dans le village de Geldo, capitale culturelle de Valence en 2023, célèbre pour les peintures murales d’art urbain qui ornent ses rues et qui sont étendues lors des éditions annuelles du festival ImaginArte, qui l’ont transformé en un musée en plein air à travers la peinture. Nous avons effectué une visite à pied de la ville et pris des photos des monuments, des rues et des graffitis et peintures murales que nous avons rencontrés. Pour cette séance de photographie de rue, nous avons utilisé la méthodologie de la marche ou de la dérive artistique, qui tente de comprendre l’action de marcher comme un élément créatif de l’art. Par chance, notre visite dans cette ville coïncidait avec la première Foire de la gastronomie, de l’artisanat et du commerce local, et notre groupe a donc réalisé cette réinterprétation, inspirée par les photographies prises, en peignant sur des toiles posées sur des chevalets fournis par l’organisation pendant la dégustation de bières artisanales et écologiques de la brasserie L’Audaç, gérée par une coopérative locale qui promeut l’utilisation de produits locaux et qui met autant d’amour dans la bière que dans la conception des étiquettes de ses différentes variétés, créées pour évoquer l’histoire de la région et ses sentiments.


La deuxième journée s’est déroulée à Torás, avec la collaboration et l’accompagnement de l’association Torasísimo, créée à la suite du terrible incendie qui a ravagé le village et ses environs il y a quelques années. Pendant la journée, le long de la piste cyclable de la voie verte, qui n’est pas accessible aux véhicules motorisés, nous avons cherché des restes de présence humaine ainsi que d’autres éléments marquants ou représentatifs pour les inclure dans la dernière intervention, qui consistait à créer un attrape-rêves géant avec des éléments biodégradables (fil de chanvre, branches d’arbres touchés par l’incendie, etc.). Cette intervention s’est appuyée sur deux techniques de création. D’une part, le yarn bombing, une discipline artistique de rue qui apparaît comme un symbole de protestation et de revendication des femmes sur la scène artistique, en transférant la technique textile dans les rues et en réfléchissant sur le territoire. D’autre part, le Land art, un mouvement qui questionne le passage de l’être humain dans la nature, en utilisant des espaces en plein air et des matériaux biodégradables pour générer des œuvres ayant un impact et une réflexion écologiques. La sculpture créée a été laissée installée, représentant notre passage sur le territoire, avec nos rêves et nos désirs.